
Les Assises Régionales de l’Educpopnum 2019 ont eu lieu il y a quelques semaines à Limoges. Plusieurs thèmes ont été abordés, celui de la liberté sur Internet,des fake news, des réseaux sociaux et du flux d’informations.
Mais un autre sujet a été traité, celui de l’inclusion numérique avec les usages et l’accès aux droits.
En débattant sur ce sujet lors d’une conférence, j’ai eu envie de vous parler de la dématérialisation au coeur de l’administration. On parle aussi d'E-administration.
Le gouvernement ambitionne une numérisation de 100% des démarches administratives d’ici 2022. Le but est de réduire les coûts de fonctionnement mais aussi d’assurer un accès plus large aux informations.
Bien sûr cette démarche n’est pas sans inquiétude concernant les risques d’exclusion sociale. On compte 20% de Français touchés par l’illectronisme. Il s’agit donc de difficultés rencontrées à l’égard des outils numériques. Effectivement, savoir envoyer un courriel, remplir un formulaire en ligne, nécessite des compétences! Mais en plus il faut disposer d’une connexion internet. Sachez que l’on compte 541 communes classés en “zone blanche”.
De plus en plus Pôle emploi, l’assurance maladie, l’état-civil, les impôts, poussent les usagers à la dématérialisation des procédures administratives. On constate avec cette accélération du numérique dans les services publics, que les demandes d’aide auprès des travailleurs sociaux sont plus nombreuses. Et cela soulève la question des données confidentielles. Notamment par rapport à l’absence de règles juridiques, avec des questions de gestion des mots de passe et des données personnelles, mais aussi de responsabilité en cas d’erreur.
Durant le débat des Assises, des stratégies ont été proposées :
- Adoption d’une charte des aidants et des aidés numériques, donnant aux intervenants un cadre éthique et déontologique pour accompagner les publics et les sensibiliser à la protection des données.
- On parle aussi, pour une inclusion numérique réussie, de chèque APTIC autrement appelé chèque culture numérique. Destiné aux personnes les plus en difficulté, ce pass serait remis par des agents des services publics ou par des aidants numériques (espaces publics numériques,fablabs,tiers-Lieux, espaces de travail en commun, maisons de services publics, classes numériques, Repair Cafés, médiathèques). Cette stratégie doit permettre à ses bénéficiaires de créer une boîte mail, des identifiants, d’accéder à ses droits et de faire des démarches administratives ou des recherches d’emploi.
- Pour les aidants, des stratégies sont aussi mises en place avec un plan de formation. Par exemple, l’État soutient la co-production d’un MOOC sur les enjeux et les bonnes pratiques de la médiation numérique (pour rappel un mooc est un cours d'enseignement sur Internet).
- Un outil "France Connect Aidants" sera expérimenté afin de sécuriser la connexion des aidants pour les démarches qu’ils font pour autrui. Deux plate-formes de ressources sont également à disposition des collectivités locales et des aidants numériques (kit d’intervention rapide) sur le site societenumerique.gouv.fr
On note donc que des stratégies sont mises en place pour éviter la fracture numérique.
Malgré les inquiétudes qui lui sont liées à cette fracture, le digital peut être bénéfique pour permettre aux personnes de connaître et d'accéder à leurs droits sociaux et de lutter ainsi contre le non-recours. Pour certains, les démarches en ligne peuvent-être également perçues comme moins stigmatisantes que des contacts directs.
Cependant de l’autre côté de la balance, il y a aussi cette question : “est-ce que les personnes ne vont pas renoncer à des droits de par leur non compétence sur le numérique?”.
Du positif, du négatif il y en a, la dématérialisation de l’administration est un sujet très sensible et l’EducPopNum l'a bien compris en proposant une conférence et des ateliers sur le thème de l’inclusion Numérique durant les Assises de Limoges.