Cette année la Commission européenne a présenté sa toute première stratégie en faveur des personnes LGBTQI+ afin de combattre leur discrimination structurelle. Où en sommes-nous à Poitiers, en France et en Europe ?

L’acronyme LGBTQI+ désigne les personnes Lesbiennes, Gays, Bis, Trans, Queer, Intersexes ; le plus permet d’inclure toutes les autres personnes se questionnant sur leur orientation sexuelle ou leur orientation de genre. On y ajoute parfois un A (LGBTQIA+) pour inclure les personnes Asexuelles.

Ce terme regroupe donc des personnes avec des orientations sexuelles non-hétéro (lesbiennes, gays, bis) et des personnes avec des identités de genre non-cisgenre (trans, queer) ; néanmoins, l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont des choses bien distinctes ! Si vous ne comprenez pas les termes ou les acronymes utilisés dans cet article, n’hésitez pas à consulter ce lexique participatif.

La vie LGBTQI+ en Poitou-Charentes

Il existe plusieurs associations LGBTQI+ actives sur le territoire de la Vienne.

Le Centre LGBTI du Poitou est un regroupement d'associations et de bénévoles qui organise chaque année un Festival des Fiertés au mois de mai, et lutte au quotidien contre les LGBTphobies (discriminations fondées sur le genre, le sexe et l’orientation sexuelle). Contact : leur site web

AIDES lutte contre le VIH/sida et la sérophobie, c’est-à-dire la discrimination des personnes séropositives. Vous pouvez contacter le relais d'AIDES à Poitiers pour obtenir des infos ou un autotest VIH. Contact : 05.49.42.45.45 | scoulmain@aides.org

La structure SOS homophobie qui s’engage contre la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie est également active sur le territoire de l'ex-Poitou-Charentes.
Contact : sos-poitoucharentes@sos-homophobie.org | Leur page Facebook

L’association Transendance est basée à Poitiers et a pour objet de sensibiliser à la communauté LGBTQI+, et aux questions qui lui sont liées. Elle vise à la promotion de valeurs, de partage, de diversité, d’égalité, au sein et en dehors des milieux LGBTQI+. Contact : leur page Facebook

L’association des Sœurs de la perpétuelle indulgence est également installée à Poitiers. Les sœurs sont engagées dans la lutte contre le SIDA et la sérophobie, et militent aussi contre les discriminations liées au genre et à l'orientation sexuelle. Contact : leur page Facebook

L’association Adheos est présente sur toute la région, et nationalement sur certaines actions. Actuellement, elle est physiquement implantée à Saintes (siège social) mais également à La Rochelle et Angoulême (antennes).

Où en sommes-nous en France ?

La France a été le premier pays européen à décriminaliser l’homosexualité - il y a 229 ans en 1791. Malgré cette décriminalisation relativement précoce, l’ouverture du mariage aux couples homosexuels a été assez tardive, puisqu’elle n'a eu lieu qu'en 2013. Elle a d’ailleurs suscité de vives réactions homophobes. Aujourd’hui, en 2020, la discrimination et la marginalisation font encore partie de la vie quotidienne des personnes LGBTQIA+.

A l’heure actuelle, la mention du sexe est obligatoire à l’état civil et il n’existe que deux options : homme ou femme. Cela exclut de facto les personnes non-binaires ainsi que les personnes intersexes. Les personnes intersexes subissent d’ailleurs des opérations chirurgicales dès leur naissance qui visent à les faire entrer dans ces catégories binaires. Actuellement, il est obligatoire d’être rattaché aux sexes masculin ou féminin dans les cinq jours qui suivent la naissance. Il n’existe aucun cas de jurisprudence dans lequel une personne se serait vue accorder un sexe neutre.

Les personnes trans peuvent demander un changement d’état civil (prénom, sexe) en faisant une démarche juridique. Depuis la loi de modernisation de la justice du XXIe siècle (2016), cette procédure est simplifiée. Contrairement à la jurisprudence qui exigeait jusque-là que les personnes trans apportent la preuve d’un traitement médical ou d’une opération chirurgicale à caractère irréversible, il n’est désormais plus nécessaire d’avoir suivi un traitement ou d’avoir été opéré. La demande se fait néanmoins toujours auprès d’un tribunal. Plus d’infos ici.

Sur le plan familial, l'homo-parentalité reste un parcours difficile. La loi autorise les couples homosexuels mariés à adopter, mais la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour les couples lesbiens et la GPA (Gestation Par Autrui) en général restent interdites en France. des couples homosexuels peuvent adopter des enfants sous la condition d'être mariés. Par ailleurs, les familles homoparentales sont encore discriminées et peu représentées.

Quelques associations nationales qui militent pour les droits des personnes LGBTQI+

Le MAG Jeunes LGBT (Mouvement d’Affirmation des Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi & Trans) est une association de jeunes lesbiennes, gays, bi et trans âgé.e.s de 15 à 26 ans. Elle accueille toutes les personnes qui passent la porte de ses locaux et leur propose des activités de convivialité, culturelles et militantes. Son rôle est également de faire de la prévention et de lutter contre les LGBTphobies (lesbophobie, gayphobie, biphobie et transphobie). Leur lexique participatif explique bien les différents termes et acronymes utilisés dans cet article.

L’association Le Refuge s’occupe des jeunes qui sont dans une situation difficile et/ou exclus de leur famille du fait de leur orientation sexuelle/genre. L’objectif du Refuge est de prévenir l’isolement et le suicide chez les jeunes LGBTQI+ de 14 à 25 ans. En 2017, la structure a hébergé 280 jeunes. Leur ligne d'urgence vous écoute 24/24h au 06 31 59 69 50.

L'association AIDES lutte contre le SIDA/VIH et la sérophobie.

SOShomophobie est une association nationale de lutte contre la lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie.

STOP homophobie est une association qui défend également les droits et personnes LGBT+. Leur service presse produit des contenus visant à sensibiliser le grand public et les médias.

Et en Europe ?

Concernant la situation des personnes LGBTQI+ en Europe, il y a de grandes différences entre les pays.

Même si l’homosexualité est décriminalisée dans les 27 pays de l’Union Européenne, il reste quelques pays qui n’ont pas légalisé le mariage pour des couples du même genre ni un partenariat enregistré comparable à la situation juridique d’un couple marié.

Seule l’Allemagne offre légalement la possibilité d’indiquer sur l’état civil un sexe qui n’est ni féminin ni masculin, avec l’option « Divers ». Quelques cas de jurisprudence existent toutefois dans d’autres pays européens (Autriche, Pays-Bas), où des personnes ont reçu le droit de ne pas être identifiée comme homme ou femme sur leur état civil.

Les personnes transgenres n’ont pas la possibilité de changer la mention de sexe à l’état civil dans tous les pays de l’Union européenne.

Sur le plan familial, l’adoption des enfants pour des couples homosexuels et l’accès à la PMA pour les couples lesbiens ne sont pas autorisés dans tous les pays membres de l’Union européenne.

La stratégie de la Commission européenne en faveur des personnes LGBTQI+ est aussi la réponse de l'Union européenne au discours haineux dans quelques pays membres. En Pologne par exemple, plusieurs régions ont adopté des chartes de "protection de la famille traditionnelle" qui ont pour fonction d'exclure et de marginaliser les personnes LGBTQI+. Ursula von der Leyen a fermement condamné ces "zones sans humanité" qui n’ont "pas leur place" dans l’Union européenne (SOTEU 2020). Un groupe de citoyen.ne.s a fait une carte interactive montrant les régions sans et avec une charte discriminatoire - la "carte de la haine".

Le 11 mars 2021, le Parlement Européen a décidé de faire de l'Union Européenne une "zone de liberté" pour les personnes LGBT en réaction face à la politique de la Pologne.

Ressources

Découvrez la stratégie en faveur des personnes LGBTQI+ de la Commission européenne.

Les podcasts du CACIS vous permettront d’en savoir plus sur les transidentités, tout comme le site WikiTrans.

Le site C’est comme ça donne plein d’informations sur les orientations amoureuses et sexuelles, ainsi que sur les identités de genre.

Le site web Rainbow Europe vous offre un classement des pays européens selon des critères que vous pouvez choisir vous-même comme l’égalité et la non-discrimination, la situation familiale, les discours haineux, la reconnaissance des genres, l’espace civile et la politique d’asile.

Le Gay Travel Index publié chaque année par Spartacus vous donne également un aperçu sur la situation des LGBTQI+ en Europe sous le format d’un classement de tous les pays du monde selon des critères spécifiques.

La carte de la haine montre les zones polonaises qui ont adopté une charte de protection de la famille « traditionnelle ».

Queering the map est une carte interactive qui localise des expériences LGBTQI+ ou simplement queer et ainsi leur donne une meilleure visibilité

Vous pouvez lire des témoignages et des portraits de personnes LGBTQIA+ sur le site de MAG-jeunes, dans la rubrique témoignages du site de SOS Homophobie, dans la rubrique portraits du site C’est comme ça, dans la rubrique témoignages du webzine Madmoizelle...